
Les images qui viennent à lesprit lorsque lon songe au Haut-Uele sont dabord celles de ses populations renommées, les Mangbetu, les Azande, les Logo, les Budu, les Mayogo dont la richesse et la diversité des cultures avaient frappé les conquérants, tant Arabes quEuropéens.
La présente monographie a pour ambition, outre de présenter ces peuples, de donner un aperçu général de la situation géographique, du relief, de la géologie, de lhydrographie, de la faune, de la flore et de la démographie du Haut-Uele, et danalyser, plus en profondeur, son évolution historique, culturelle, administrative politique, économique et touristique.
Au plan historique, elle montre, notamment, comment le Haut-Uele a été particulièrement sensible aux diverses perturbations qua connues le pays après lindépendance. Elle analyse la rébellion des Simba, dabord, au milieu des années 1960, et celles de la fin des années 1990 et du début 2000, ensuite, qui furent particulièrement destructrices, rébellions auxquelles sajoutèrent laffaiblissement/désintégration de nombreux pouvoirs locaux et les interventions de dirigeants den haut dans les affaires locales.
Elle consacre un important chapitre aux peuples qui composent le Haut-Uele, à leurs langues, à leurs expressions artistiques et musicales et à leur vie religieuse.
Au plan administratif, elle analyse pourquoi, aujourdhui, la région connaît une organisation comportant plus de chefferies que de secteurs, ces pouvoirs locaux que lautorité coloniale (re)construisit et/ou reconnut en fonction de critères liés à des enjeux locaux ou à ses intérêts propres.
Elle sinterroge aussi sur les raisons pour lesquelles le Haut-Uele se trouve livré au trafic et à loccupation armée. Trafic et occupation liés à sa position géopolitique (il se situe aux frontières du Sud-Soudan et de la République centrafricaine, et non loin des frontières ougandaises, dans leurs parties les moins administrées) et favorisés par des espaces peu habités regorgeant de richesses naturelles (dont lor et livoire), dune part, et par un pouvoir local tribal émietté de type «ancien», sans grande capacité de résistance aux conquêtes militaires, dautre part.
Elle décrit lévolution négative dune économie basée, dune part, sur des cultures (le palmier à huile, le coton, larachide, lhévéa, le café Robusta) de plus en plus délaissées et, dautre part, sur lexploitation de mines dor, à Moto, par un Office des mines dor de Kilo-Moto, qui na pas toujours suffisamment mis en valeur les ressources existantes. Elle montre également comment léconomie des «colons» du Haut-Uele en particulier, et de la Province-Orientale en général, a été un élément déterminant, en 1973, dans la décision du régime Mobutu de nationaliser les entreprises ayant appartenu aux étrangers.
Elle aborde, enfin, les cinq grands défis qui se posent au Haut-Uele: les transports, les communications, le tourisme, dont les atouts locaux sont non négligeables, lenseignement et la santé.