
« Et il vit que, depuis le début, tout bégayait, en effet : le rêve hâtif dAgabal Megakan, devenu Alexandre Agabal ; la longue marche des Crapauds, affamés, sans halte, contre le jour et la nuit ; et, surtout, toute cette démangeaison soudaine des chairs, aux pieds dun Arbre torsadé en son milieu de trois ventres ; et cette eau dimmortalité refusée par Alexandre le Grand et quAgabal Alexandre croyait avoir bu, à travers les mots bégayants dune Cigogne à demi folle. (
) Agabal Alexandre, à son tour, redevint Roi et, à côté de son frère Kanaan le pensif, médita le commencement, bientôt, de sa guerre et de sa victoire. Il écouta la nuit. (
) Des tintements de métal, clairs, ting, ting, ting, résonnaient dans les ténèbres : Koroman Gbete, le forgeron divin, dans sa forge en forme de cratère, ciselait le rire de son Roi. Le rêve dAgabal Alexandre ne bégayait pas. Car, façonnée dans lobscurité entre lenclume et le marteau, surgissait enfin sa légende, la légende du Roi Crapaud, sous la forme dune armure ovoïde comme luf du Monde ! »
Grâce à un récit magistral, lauteur nous entraîne dans un monde merveilleux où la langue rivalise de virtuosité avec limagination. Et si, un jour, Hommes et Crapauds sassociaient dans un même vrombissement damour pour lever, de leurs voix déchirées, un déluge broyeur de démons, comme fut broyée, jadis, lAtlantide ? Une voix étrange venue dAfrique et qui, dans un murmure épique, une communion de sens, nous rappelle que le fantastique du Nord nest pas si loin
Vincent Lombume Kalimasi est né à Léopoldville le 3 janvier 1947. Après des études en journalisme, sociologie et philosophie, il devient agent dentreprise pour le compte de la Cadeza, de la Sozacom et de la Gécamines, puis directeur technique pour lAgence congolaise de Presse (ACP) et, enfin, pour un temps, membre du cabinet du Ministre de linformation et de la culture. Depuis, il consacre son temps à lécriture. Il vit à Kinshasa.