
Ce volume consacré à la période dentre-deux-guerres, traite de la démocratisation rapide de la politique belge après la Première Guerre mondiale, de la crise parlementaire des années trente, conséquence dune tentation autoritaire présente dans toute lEurope, de la dépression économique et de lintégration problématique des travailleurs dans le système politique. Lauteur sintéresse également à la nouvelle culture politique qui se met en place après la guerre, aux changements affectant le paysage des partis, aux relations entre mondes politique et financier, à limpact de la politique étrangère et militaire et, enfin, au rôle de la monarchie.
Il est difficile de jeter sur cette période un regard impartial. Le souvenir laissé par linterbellum en général et ses dix dernières années en particulier est sombre. En 1918, beaucoup voulaient en revenir à la Belle Époque, mais en 1945, personne ne souhaite retourner aux années trente. Dans la mémoire collective, linterbellum représente une période de crise. Cette impression tient en grande partie à lassociation presque automatique des années trente au fascisme et à lissue funeste de cette décennie. Elle ne correspond toutefois pas complètement à la réalité : un large éventail de jeunes, et pas seulement des fascistes, veulent introduire une « nouvelle ère » et poursuivront après la guerre sur cet élan rénovateur. Si lon regarde lhistoire de façon pragmatique, on doit constater que beaucoup de réformes de la période de la Libération trouvent leur origine dans le creuset et le laboratoire de pensée des années trente.
Emmanuel Gerard, historien et politologue belge, est professeur à la K.U.Leuven et ancien doyen de la Faculté des sciences sociales.