
La période 1846-1878 constitue un moment clé de la Belgique fraîchement indépendante
Terre dindustrie, héritage de la période française et hollandaise, le pays sest structuré en sappuyant sur la classe montante la bourgeoisie et sur lessor industriel de la Wallonie. La noblesse belge témoigne dune belle capacité dadaptation qui se traduit par ses alliances matrimoniales avec la bourgeoisie industrielle et ses participations financières dans les sociétés par actions. Elle confirme aussi sa vitalité politique par son emprise sur le Sénat et, en partie, sur la Chambre des représentants.
Quinze ans après la proclamation de son indépendance, le courant libéral se constitue en une organisation politique disposant dun programme daction précis. Cette fondation dun parti moderne rompt avec un système politique lunionisme qui a permis à la Belgique de se doter dinstitutions politiques et judiciaires stables, dassurer une paix intérieure et décarter les menaces extérieures. Un nouveau paradigme vient dicter sa loi : celui dune politique de partis, daffrontements didées et dactions
Les années 1850 inaugurent une ère de prospérité, mais aussi douverture des frontières, des marchés qui entraîne, par le jeu de la concurrence, lapprofondissement des inégalités sociales. La Belgique se transforme peu à peu de pays agricole en pays industriel, mais lévolution ne touche que quelques régions le sillon industriel wallon, Gand et Anvers. Lurbanisation progresse et Bruxelles, Anvers, Gand, Liège participent de cette croissance urbaine, mais entre le Nord et le Sud du pays, les différences se creusent
Ces années sont des années capitales. La lumière crue du conflit politique entre catholiques et libéraux, qui paraît majeur, cache dautres réalités quil convient de faire surgir car elles annoncent les grands problèmes de lavant-guerre : les questions électorale, féminine, flamande et sociale
Éliane Gubin est professeure à lUniversité libre de Bruxelles où elle enseigne lhistoire de la Belgique contemporaine et lhistoire des femmes ; elle est spécialisée en histoire sociale et en histoire politique du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle.
Jean-Pierre Nandrin est professeur aux Facultés universitaires Saint-Louis. Il y enseigne lhistoire contemporaine, en particulier lhistoire du droit et des institutions, la théorie de lhistoire et lhistoire des droits de lhomme. Ses recherches portent sur lhistoire politique de la Belgique contemporaine, lhistoire du droit social, lhistoire de la justice et lhistoire des femmes.