De la fin des années 1960 à la fin du XXe siècle, la Belgique a vécu de grandes mutations qui ont largement déterminé son évolution. Laccélération de la mobilité des idées, des femmes et des hommes, louverture des frontières, lapprofondissement du processus dintégration européenne, leffritement progressif puis rapide des blocs, ont transformé le visage de la société belge ainsi que sa gestion politique. Léconomie mondiale est entrée dans une période de transformation structurelle, appuyée sur des évolutions technologiques et des mécanismes de dérégulation au niveau global. Ces transformations ont constitué et constituent encore autant de défis, pour les gouvernements successifs de la Belgique, mais aussi pour la société et ses différentes composantes.
Alors que les grilles de lecture idéologiques anciennes sont désormais décalées bien quencore très utilisées , des initiatives et des mouvements nouveaux se sont développés au sein de la société. La désaffectation que beaucoup de citoyens éprouvent à légard de la politique traditionnelle sest traduite à la fois dans différentes contre-cultures protestataires et dans de nouveaux mouvements sociaux, aspirant à une reconfiguration fondamentale du champ politique. Très diversifiés, ces mouvements inscrivent de nouveaux thèmes à lagenda politique et avancent de nouvelles valeurs, comme le respect de lenvironnement, la paix mondiale, les droits de lêtre humain, les droits de lenfant, une justice équitable et lappui au Tiers monde. Deux de ces mouvements vont avoir un impact crucial sur la société : les mouvements écologiste et féministe.
La transformation fondamentale de lÉtat belge pendant les trois dernières décennies du XXe siècle nest toutefois pas provoquée par la contestation citoyenne des années 1970. La mise en place progressive des régions et des communautés a débouché sur un État très largement fédéral, sinon déjà confédéral. Beaucoup plus quun simple réaménagement des institutions, ce processus a impliqué une restructuration profonde de la vie politique.
Suivre depuis 1970 les traces des sociétés et des classes politiques qui composent la Belgique pour en percevoir les destinations et les itinéraires multiples, les décalages ainsi que les recompositions conduit à des interrogations et à des problématiques fortes : elles ne laisseront pas indifférents les citoyennes et les citoyens qui sintéressent aussi à lavenir encore incertain de la société et de lÉtat fédéral belges.
Marnix Beyen est chargé de cours en histoire politique à lUniversité dAnvers. Ses recherches portent sur le vaste champs où politique et culture sentrecroisent : représentations littéraires et historiques de la nation, collaboration intellectuelle au cours de la Seconde Guerre mondiale et cultures parlementaires pendant la première moitié du XXe siècle.
Philippe Destatte est directeur général de lInstitut Destrée où il a fondé le Centre interuniversitaire dHistoire de la Wallonie et du Mouvement wallon. Il enseigne lhistoire des institutions et de la société, ainsi que lhistoire de Belgique à lUniversité de Mons. Il est également chargé du cours de prospective aux universités de Paris Diderot-Paris 7 et Reims-Champagne-Ardenne.