
Cet ouvrage, au premier abord surprend. Par sa forme : une mise aux enchères, dans un beau village de Thiérache, où se rassemblent voisins et amis, comme en Afrique autour du feu ou dun casier de bière. Le climat est différent, mais la convivialité est pareille et Monsieur Lusongo anime la veillée qui se déroule au rythme des souvenirs de chacun. Ce détour par la fiction permet à Marlair, qui prête sa plume au conteur, de décoller soudain. Il se retrouve à Bunkeya, où Msiri, le grand chef des Bayeke, essaie de résister à lavancée des Blancs. Il ruse, il louvoie, puis finalement la mort le cueille, en même temps que Bodson le conquérant, tandis que lÉtat indépendant du Congo fait main basse sur le Katanga
Voilà un livre qui vient de loin, comme un cri longtemps réfréné, un récit qui mérite dêtre entendu, même si, au delà de sa forme ludique, déconcertante, il fait mal. Mal à lAfrique ? Mal au Congo ? Avant tout cest à nous quil fait mal, ce livre, à nous tous qui avons détourné les yeux, refusé de savoir et dentendre, oublié dintervenir pour empêcher le désastre. (Préface de Colette Braeckman)
Jean-Claude MARLAIR, né à Beauraing en 1943, est officier retraité. Si, aujourdhui, il ne vit plus en Afrique, il vit toujours avec le Congo, au rythme de ses amis de là-bas, de leurs espoirs si souvent fauchés, de leurs luttes. Il partage leur rire et leur idéal, il connaît les turpitudes, les trahisons, quelles soient le fait des individus ou des plus hautes autorités. Il a eu le temps de mesurer les ambiguïtés, les petites lâchetés quotidiennes dune certaine Belgique, ses élans aussi, ses remords, face au Rwanda, face au spectre de Lumumba. Cest lAfrique quil nous rend au fil des récits qui se croisent. Un fil que le lecteur ne lâchera pas de sitôt