
Dossier dirigé par Laurence Brogniez.
Depuis quelques années, des groupes de recherche à vocation interdisciplinaire proposent en Europe travaux, séminaires et colloques autour du thème « Droit et littérature ». En Belgique, cest aux Facultés universitaires Saint-Louis que se sont organisées les recherches, sous la direction de François Ost et de Laurent Van Eynde, autour dun questionnement sur les conditions douverture et darticulation réciproques des deux disciplines. Rencontres et publications ont créé une dynamique de recherche qui invite à poursuivre ce questionnement dans de nouvelles directions en lui proposant dautres objets détude.
Dans le cadre de sa 6e journée détudes, organisée sous la forme dun colloque de deux jours aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur, Textyles a proposé daborder la question en la confrontant aux spécificités du champ littéraire belge. Plusieurs thématiques, où se croisent lettres et droit, nous semblaient en effet susceptibles déclairer des aspects méconnus ou peu traités de notre histoire littéraire. Des phénomènes qui méritaient développement et à propos desquels spécialistes de la littérature et du droit ont été invités à échanger leurs points de vue et à apporter leurs lectures respectives.
Parmi les sujets abordés lors de cette rencontre : la « sur-représentation » (réelle ou fantasmée) des juristes parmi le personnel littéraire belge, la présence et limportance de la littérature dans la formation des juristes, la place des lettres dans la presse judiciaire (Journal des Tribunaux, Journal des procès, etc. ), la « littérature judiciaire » (Picard, Maus, Demolder, Destrée
) et les rapports entre écriture littéraire et écriture du droit, la représentation de la justice dans la littérature, la confrontation des écrivains avec la justice (procès littéraires, affaires de censure ou de plagiat, etc. ), lémergence et la défense du droit dauteur (sociétés décrivains, etc. ).
Si, grâce à la participation de plusieurs juristes (Séverine Dusollier, François Ost, René Robaye, Xavier Thunis, etc. ), les débats ont souvent dépassé les frontières du champ belge comme celles du domaine des lettres au sens strict du terme, nous avons choisi de réunir dans ce volume les contributions plus spécifiquement axées sur la problématique qui est la nôtre, celle de la littérature belge. Le présent numéro ne reflète donc que partiellement la richesse et la diversité des échanges.
Nous avons cependant choisi de publier, en ouverture au dossier, lintervention dAnne Simonin qui, par sa dimension à la fois théorique et historique, nous semblait proposer une entrée en matière pertinente quant à la définition problématique du champ détude envisagé.
(Extrait de lavant-propos de Laurence Brogniez)