Gamine, jéprouvais une joie vertigineuse à marcher en pantoufles sur le gel : lintraitable Hiver madmettait, si humblement chaussée, dans son palais. Cest cette gloire dêtre une familière des plus barbares altesses quexprime, avec une royale modestie, Marie Gevers dans Plaisir des météores.
Je me suis promenée, un après-midi, avec elle, à Missembourg (domaine où elle naquit, vécut presquun siècle et mourut), dans lincroyable odeur, si publiquement séminale des châtaigniers en floraison. Lui ai-je confié ladmirative envie que minspiraient lunité de lieu de son destin, sa leçon dunivers dans un parc, son esprit fécondé chaque année par les mêmes très hauts pollens ? (Lucienne Desnoues)
Marie Gevers (Edegem, 1883-1975) compte parmi les plus grands écrivains belges de langue française. Elle fut membre de lAcadémie de langue et de littérature françaises (1938). Dabord poète, elle publia Missembourg, Les Arbres et le vent (prix Eugène Schmits 1924). Ses autres livres, récits et romans, chantent la sauvage beauté de la Campine anversoise, la « primitivité épique » des gens qui y vivent ou la somptuosité des saisons qui se posent sur les choses. Elle se révèle aussi fine psychologue dans Madame Orpha, ou la sérénade de mai (prix du Roman populiste 1934), Paix sur les champs, La Ligne de vie. Parmi ses autres livres : Plaisir des parallèles (Le Cri, 2002), Guldentop, Le Voyage de frère Jean, La Grande Marée, LOreille volée, Château de lOuest, LHerbier légendaire, Vie et mort dun étang (autobiographique).