Pour le plus grand plaisir de lamateur de peinture, spectateur devenu lecteur, lauteur, par le miracle de son écriture, a fait revivre avec esprit le peintre et son modèle (Caroline Bonaparte) et inventé quantité danecdotes savoureuses et de péripéties amusantes. Il le plonge dans le Paris et la Naples de la fin de lEmpire, lentraîne en compagnie de cette reine peu ordinaire et de ce peintre de génie dans les Champs phlégréens sur les pas de madame de Staël, gravit les pentes du Vésuve et évoque avec une érudition émue Virgile et le monde classique. Mais surtout il décrit avec une rare finesse le caractère dIngres et dévoile le processus de création qui se met en route, la relation très particulière qui sétablit entre le peintre et son modèle (que ce soit Caroline ou la belle Dormeuse), le statut propre à luvre dart qui, comme le fruit dune gestation nécessaire, croît irrésistiblement et emporte tout. Cest désormais le tableau, luvre naissante, qui prime : le modèle nexiste plus que comme une donnée prosaïque qui permet au peintre de faire apparaître sur sa toile non pas ce quil a devant lui mais ce quil a en lui, sans quil sache encore lui-même ce que sera finalement son tableau mais qui simpose néanmoins à lui avec une force absolue. (Extrait de la préface. )
Gaston Compère, né dans le Condroz en 1929, docteur en philosophie et lettres, est un des grands écrivains dexpression française. Il a reçu en 1989 le Grand prix de Littérature de la francophonie. Outre ses romans (notamment chez Belfond), il a publié une biographie très remarquée de Maurice Maeterlinck (La Manufacture, 1989) et de nombreuses pièces de théâtre. Il est aussi poète et traducteur (Le Livre dHeures de R. M. Rilke, Le Cri, 1989).