Croyez-vous à ces livres écrits avec un soin quasi suranné quadapta si bien à lécran James Ivory ? Croyez-vous quun beau style est éternel et quil peut revêtir une belle histoire comme un complet, sorti des mains dun grand tailleur, habille un bel homme bronzé et sportif ? Croyez-vous à lémotion dun geste ? Oui ? Ce livre est pour vous.
Élégance, style, réserve et sensibilité sont les qualités les plus évidentes de ce texte, chef-duvre dun auteur reconnu pour son érudition et sa ferveur.
Lhumour ne manque pas au rendez-vous que donne au lecteur un couple daristocrates polonais en exil sur la côte Est des États-Unis au début des années cinquante. Rendez-vous nostalgique et mystérieux pourtant, dans la grande tradition des romans anglo-saxons. Mais on pense aussi à Tourgueniev et tel personnage (Karl, le trop proche cousin du couple, par exemple) ouvre des blessures inguérissables autant quentretenues. Cest bien là le livre de la fidélité aux « anciens maîtres », dans un large geste de restauration dune littérature dartiste à mille lieues du scandale permanent nourri depuis quelques saisons par des éditeurs pressés de vendre.
La langue dYves-William Delzenne est harmonieuse à en oublier ce que son propos a de singulier, voire de provocateur. Ici sont réunis tant de bonheurs décriture que seul demeure, lecture achevée, le souvenir dun paradis pourtant manqué par Cyril, le narrateur dune histoire irrémédiable.
Un coucher de soleil sur la mer
Yves-William Delzenne, acteur dès lâge de seize ans, donne quelques années plus tard des récitals « poésie et musique » en compagnie de la pianiste Bernadette Notelet. Devenu galeriste, il est aussi le commissaire de diverses expositions dArt contemporain. Poète (Le Polonais, Poèmes damour persans, Via Venezia, Limmortel bien-aimé), dramaturge (Les Désirables), nouvelliste (La Nostalgie batailleuse) et romancier (La Course des chevaux libres, Un Amour de fin du monde, Le Sourire dIsabella, LOrage, Les Tours de Dresde) ; sa personnalité mystérieuse très « fin de siècle », moderne cependant, en rupture souvent, éclaire le paysage littéraire dun jour singulier.