On connaît la phrase célèbre dOscar Wilde : « le journalisme est illisible et [
] la littérature nest pas lue ». Cette citation illustre la concurrence, qui sinstalle au XIXe siècle, entre deux pratiques de lécrit imprimé. Or, la séparation entre littérature et journalisme est essentiellement affaire de discours et de représentations, mais elle ne résiste guère aux faits : dès lors quon prend en compte lensemble de la production littéraire dune époque, on saperçoit que les frontières entre les sphères littéraire et médiatique sestompent et cèdent la place à un continuum de pratiques difficilement séparables. Cest cet espace continu que la présente livraison de Textyles se propose dexplorer. Ce numéro, consacré aux écrivains-journalistes, vise à montrer que la vie littéraire est un ensemble complexe dans lequel interviennent des textes de tous types. Certains ont été considérés comme littéraires, dautres ont été oubliés parce que relevant de la seule actualité. Les saisir de façon conjointe tend à renouveler le corpus et donc à déplacer des frontières : tel le rôle de ceux qui croient que la littérature est une matière vivante et non le reliquaire des beautés défuntes.