En rédigeant un premier ouvrage traitant des monastères traditionnels qui à partir du VIIe siècle se multiplièrent en Belgique : bénédictines dabord, prémontrés au XIIe siècle, cisterciens au XIIe et XIIIe et quelques chapitres soumis à la règle de saint Augustin, lauteur constata que lexpansion de ces communautés sarrêtait dès cette époque de façon quasi définitive.
Le comportement fastueux de beaucoup dabbés, à la fois dignitaires religieux et seigneurs féodaux, inamovibles, gérant dimmenses et riches domaines exaspérait le peuple qui aspirait à retrouver la simplicité apostolique des premiers chrétiens et se laissait de plus en plus séduire par des illuminés sans formation, qui embrigadaient nombre de chrétiens biens intentionnés dans de petites communautés isolées dont certaines versèrent rapidement dans diverses hérésies. Une rupture entre lÉglise traditionnelle et ces nouveaux chrétiens devenait inévitable dautant plus que les moines se montrèrent incapables dendiguer ce phénomène.
Surgirent alors dès le début du XIIIe siècle, malgré les réticences de léglise traditionnelle, de nouvelles communautés qui, à côté des monastères riches peuplés de moines pauvres, installèrent des religieux pauvres dans des couvents pauvres, pour affronter les adversaires sur leur propre terrain. Établis dans les villes, au milieu du peuple, nantis dune solide formation, ces « frères » sortirent de leurs couvents pour aller prêcher la bonne parole en mendiant leur pain quotidien. Les ordres mendiants, Dominicains et Franciscains étaient nés. Simultanément se produisit un autre événement capital : lirruption des femmes dans ce monachisme nouveau, en particulier des Béguines. Pour des raisons particulières, la règle de saint Augustin connut par ailleurs un essor extraordinaire. Cette révolution dans le monachisme entraîna une nouvelle expansion des fondations religieuses, parmi lesquelles les Carmes, les Capucins, les Minimes, les Jésuites et les Tiers-Ordres, Surs hospitalières, grises et noires, Claires riches et pauvres, les Ursulines, les Visitandines et tant dautres.
Jusquau XVIIIe siècle, ces nouveaux ordres ont participé à la vie religieuse de notre pays et à notre histoire sociale, où ils jouèrent un rôle éminent que certains poursuivent encore aujourdhui. Le présent ouvrage retrace comment ils ont vu le jour et comment ils ont traversé les temps difficiles.
Joseph Lemmens, né à Boechout (Anvers) en 1921, est licencié en sciences commerciales maritimes, puis directeur général honoraire de la Commission Européenne pendant plus de vingt-sept ans.
Son amour des vieilles pierres et sa passion de lHistoire le conduisirent à rassembler une documentation considérable sur nos anciennes abbayes. Après un livre sur lhistoire des monastères, il concentre ici ses recherches sur la révolution du monachisme apparue au XIIIe siècle.